Khedija Arfaoui Les autorités politiques d’un pays ont-ils à justifier le jugement d’un tribunal ou à défendre la sentence qu’il a prononcée ? Cette question se pose avec plus d’insistance encore si le jugement en question n’est qu’un jugement de premier degré et que l’affaire reste encore en examen devant les magistrats de second degré en vertu de l’appel interjeté par le défendeur.

Il semble que ces considérations n’ont pas venu à l’esprit des responsables du ministre de la justice qui se cachent derrière le titre des “autorités tunisiennes” quand ils ont pris l’initiative de défendre et de justifier le premier jugement prononcé contre Mme Khedija Arfaoui telle que rapporté par les agences de presse internationaux. Tel un enfant aliéné notre justice à besoin d’un pouvoir tuteur qui vient chaque fois la défendre et l’orienter semble nous dire cette interférence dans ce procès.

Si la condamnation de Mme Khedija Arfaoui “est tout à fait fondée sur le plan juridique. La loi pénale tunisienne sanctionne la divulgation de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public”, comme le dit le communiqué officiel rapporté, n’aurait-il pas été plus adéquat et en même temps conforme à la loi et au fonctionnement de nos institutions de laisser le ministère public détailler cet argument devant les magistrats saisi de l’affaire au lieu de transporter prématurément le procès sur les médias ?

Par cette prise de position officielle et publique le gouvernement enfreint à son obligation de neutralité dans sa fonction de veiller à l’application de la loi. Les autorités se positionnent ainsi en adversaire déclaré à une simple citoyenne qui ne demandait qu’a être équitablement jugé. Une telle prise de position officielle ne peut être interprétée qu’en tant que directives adressés directement aux juges saisis de l’affaire ou du moins comme une flagrante intimidation dans l’intention d’orienter leur décision dans le sens qu’ils ont explicitement formulé dans leur déclaration.

Cette épisode, qui n’est malheureusement pas isolé, soit pour accabler un justiciable ou pour lui assurer l’impunité, n’est qu’une illustration de plus de l’état de confusion qui règne dans les esprits des responsables de l’administration de notre justice et sur la nature de la justice qu’il ont à l’esprit et qui s’identifie implacablement avec la répression qu’ils exercent concrètement et qui a de plus en plus du mal à supporter ces parodie de procès avec lesquels nos magistrat voient leur honneur souillé à longueur des jours, des mois et des années.

Dans un système politique basé sur des intuitions dignes de ce nom et avec une justice digne de respect aucun responsable politique ne peut même penser à interférer dans un procès en cours pour accabler un citoyen avant que la justice n’ait dit son dernier mot sur son cas. Les citoyens ne sont-ils pas égaux devant la loi en vertu de la constitution comme ces mêmes autorités sont entrain de le ressasser ? Pourquoi alors ce principe n’a pas été respecté dans le cas de l’affaire de Mme Khedija Arfaoui serait-elle un citoyen aparté dont l’inculpation servirait les intérêts supérieurs de la nation.

En intervenant de la sorte dans cette affaire les autorités tunisiennes n’ont fait que confirmer à qui veut l’apprécier leur véritable nature de dictature et le poids d’injustice que les tunisiens sont entrain de subir.

Yahyaoui Mokhtar
Le 15 Juillet 2009