Sakhr El MatriL’achat de 70% (et bientôt 100%) du capital de Dar Assabah par l’homme d’affaires S. Matri, membre du comité central du RCD, compte sans doute parmi les informations les plus importantes sur la scène économique, médiatique et politique de la semaine écoulée.

D’abord, parce que 58 ans après sa fondation par feu Habib Cheikhrouhou, cette maison de presse, d’édition et de distribution sort du contrôle de la famille qui a veillé à assurer tant bien que mal à ses journaux une ligne plus ou moins indépendante par rapport au pouvoir.

Ensuite, parce que le contrôle du journal est désormais entre les mains de M. Matri qui ne peut en bonne logique – à moins de se condamner à la schizophrénie – défendre cette ligne indépendante du journal, étant donné son appartenance à une importante instance du parti au pouvoir. Enfin, parce que l’achat de Dar Assabah est le fait d’un homme d’affaires, déjà à la tête d’un holding, d’une banque et d’une Radio. Ce qui montre que cet achat n’est nullement le fruit du hasard et que, au contraire, il fait bien probablement partie d’une stratégie visant à associer le pouvoir médiatique au pouvoir économique, tout en faisant de la politique.

C’est, en gros, la stratégie qui a été mise en œuvre par S. Berlusconi en Italie, au début des années 90. Il semblerait, en effet, que le président du conseil italien est en train de faire des émules sous nos cieux… Déjà, des rumeurs insistantes font état des visées d’un autre homme d’affaires, membre lui aussi du comité central du RCD, sur le journal La Presse. Mais là, par contre, l’achat par un privé n’aura pas de graves conséquences, car, il n’y aurait aucun risque de perte d’une voix indépendante dans notre paysage médiatique !

Mohamed Abdelhak

Source : Les amis d’Attariq