Le journalisme tunisien ressemble de plus en plus à un torchon chinois, la presse dans ce pays faisant œuvre d’instrument de propagande et non source d’information selon le code déontologique du journaliste qui a conscience de l’importance de son rôle dans le processus démocratique.

Encore une fois c’est notre sinistrée agence de presse nationale, la TAP, qui en a fait l’illustration dans un article publié hier commentant « le classement de la Tunisie au 32me rang de la stabilité politique »…devant lequel le décodeur d’Astrubal pour la langue de bois fait figure de petit joueur. Et les mensonges commencent dès les premières lignes :

« La Tunisie a été classée au 32e rang mondial, parmi 165 pays, de l’indicateur de la stabilité politique, selon le classement de l’équipe de “The economist intelligence Unit. »

pouvons-nous lire dans l’introduction du ce chef d’œuvre de la malhonnêteté journalistique.

Or le rapport en question classe les pays selon le degré « d’instabilité politique » et non « la stabilité politique » comme l’indique l’article. La Tunisie est dans ce classement 134e sur les 165 pays étudiés. Le 165e pays étant le pays qui présente le moins de risque « d’instabilité politique ». Comme on peut le voir sur le tableau du classement.

Bien que…renversante, cette « interprétation » de l’index est surement due à « un souci de clarté » de la part de la TAP. On les comprend. Parler « d’instabilité » dans le pays de « la sécurité et de la stabilité », selon la formule officielle, risque de… « déstabiliser » le lecteur !

Le journaleux rappel un peu plus loin que :

« La Norvège, le Danemark, le Canada, la Suède, la Finlande, le Japon, la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne sont considérés comme les pays les plus stables politiquement, dans le monde. »

en oubliant de préciser que pour ces pays le faible risque d’instabilité est surtout du à la maturité de leurs systèmes de gouvernances hautement démocratiques alors que la place obtenue par notre pays est plutôt due à l’autoritarisme de notre système politique qui laisse peu de place aux “changements”. Surtout que pour le régime tunisien, tout “changement” autre que celui du “7 novembre” est considéré comme source d'”instabilité” !

La stabilité par l’apaisement contre la stabilité par la répression en quelques sortes. « Chacun son model » dirons certainement les supporters de “l’unique changement”.

Et c’est surement pour cela que la TAP ne consacre aucune ligne concernant d’autres classements qui sont pourtant publiés par la même source, tel que la dégringolade en l’espace de deux années, du rang de 135e en 2006 au 141e en 2008 du Democracy Index toujours par la même The economist intelligence Unit, cette section de la CIA basée à Londres.

Les rapports du Demcracy index démontrent, preuve à l’appui qu’il n’y a pas de quoi pavoiser, et que la stabilité se paie au prix fort. Il y aurait même de quoi s’inquiéter. Comme le montre le tableau suivant qui récapitule les classements de la Tunisie pour les années 2006 et 2008.


A noter qu’en 2006 la Tunisie devançait la Chine (138e), maintenant elle est derrière (136e), et pour cause ! Si le processus électoral reste ironiquement stable avec un zéro pointé, (on ne peut faire pire) il y a une détérioration de la culture politique et des libertés civiles, toutes deux en baisse.

Il est clair qu’avec de tels résultats il aurait était difficile pour le scribe de la TAP de conclure son article par cette envolée propagandiste :

« Ce classement est une nouvelle reconnaissance internationale des acquis de la Tunisie et de ses réalisations qui en font un modèle de réussite, de bonne gouvernance et de stabilité politique. »

Après cela, ce qui semble certain c’est que les pontes de la TAP ne risquent pas d’être mis à…l’index !

*Article écrit avec la précieuse aide de Alyssa.