Sous le sigle “Le droit au retour des exilés politiques tunisiens est un droit garanti par la Constitution, sa reconquête est un devoir” les réfugiés politiques Tunisiens ont lancé une action pour faire valoir leurs droits au retour dans leur pays. se référant à l’article 11 de la constitution stipulant qu'”Il est interdit d’éloigner le citoyen du territoire national ou l’empêcher d’y retourner » une plateforme commune d’action a été publiée le 25 juillet.

Rappelant la pratique de l’exil enduré par les militant pour l’indépendance à l’époque de la colonisation les initiateurs rappellent que leur exil n’est que la conséquence de leur lutte pour la liberté face à la dictature aujourd’hui :

“De même que les chroniques de la bataille pour l’indépendance ont consigné dans leurs pages la relégation hors de la Tunisie de nombreux leaders du mouvement national, l’histoire politique contemporaine de notre pays retiendra sans doute le chapitre de l’exil et de la dispersion des milliers de tunisiens aux quatre coins de la planète, comme l’une des épreuves les plus douloureuses de l’ère post coloniale.”

Le document qui annonce la création d’une « Coordination » appelle à œuvrer pour le “rassemblement de tous les acteurs de la société civile, individus ou/et organisations non gouvernementales derrière la revendication du droit au retour en tant que question prioritaire”. les initiateurs estiment que “Le calvaire de l’exil n’a que trop duré. Et il devient impératif d’engager un travail commun, qui doit non seulement être efficace mais systématique, pour exercer notre droit légitime et constitutionnel au retour à la mère patrie et dans nos foyers”.

La liste des exilés signataires de l’appel de la coordination a dépassé 150 personnes, pour la majorité réfugiés dans des pays européens. Le regain d’intérêt pour la cause des exilés Tunisiens à l’étranger a été encouragée par la dernière mesure de libération conditionnelle accordée aux 21 dernier prisonniers politique du mouvement Ennahdha libérés à l’occasion de la célébration du 21 ème anniversaire de l’accession du président Ben Ali au pouvoir le 07 novembre dernier après plus de 17 ans d’emprisonnement. d’un autre coté, les conditions dans lesquelles se sont déroulées des récentes initiatives individuelles de retour volontaire de quelques exilés ces dernier temps ont permis de déceler une volonté de la part des autorités de fermer définitivement le chapitre de cette page pénible de l’histoire de La Tunisie et mis en avant la perspective d’un retours total de tous les exilés à leur patrie.

Aujourd’hui la question du retours définitif des exilés politiques Tunisiens est en passe de prendre le devant des principales préoccupations des associations indépendantes et des défenseurs des droits de l’homme en Tunisie.

L’exil qui été une pratique consacrée par la loi avant l’indépendance en Tunisie comme peine complémentaire qui peut concerné une partie du territoire national “exil intérieur” ou sa totalité “exil à l’étranger” a été abolie par la constitution depuis 1957 et les lois qui y ont trait ont disparu depuis. Mais une pratique de fait est restée comme séquelle d’une histoire mal assumée. Les tribunaux tunisiens ne prononcent plus des peines d’exil, mais les vagues successives de répression politique qu’a connue la Tunisie depuis son indépendance ont vu toutes des vagues d’exilés qui se sont enfuis du pays pour éviter la torture, les prisons et la répression. ces différentes vagues d’exilés se sont tous trouvés pris au piège, comme des apatrides, privés de leurs passeports, dans l’impossibilité de régularisé leur situation et sous la menace de lourdes peines par contumace prononcées contre eux dans leur pays. Les représentations diplomatiques et consulaires leur ont souvent opposé un refus catégorique de traitement comme citoyen ordinaire.

Pour ceux qui ont été arrêtés et ont du passer leurs peines d’emprisonnement, ils se sont souvent trouvés, une fois leurs peines passées, sous des peines complémentaires de contrôle administratif assimilables dans leur application par l’administration aux peines révolues d’exil à l’intérieure du pays et d’interdiction d’une partie du territoire national, totalement en opposition avec la constitution.

d’après les statistiques de l’UNHCR il y a 113 tunisiens qui bénéficient du statut de réfugié auprès de l’organisation. le nombre est certainement plus important et on ne dispose pas de statistiques des tunisiens bénéficiant du statut d’exilé politique dans les différents pays européens principale destination de ces derniers. un nombre encore plus consistant ont pu bénéficier d’un statut de résidence ordinaire dans des situations régulières ou précaires pour certains alors que le seul motif de leur exil de leur pays est l’impossibilité de pouvoir retourner dans laquelle ils se sont trouvés.

Une démarche constructive pour mettre fin à cet exil qui dure depuis deux décennies pour la majorité et dont les peines sont généralement prescrites par la loi ne peut que contribuer à renforcer l’apaisement ressenti après les dernières libérations conditionnelles et ouvrir la voie pour relever avec plus de sérénité les nouveaux défis qu’affronte la Tunisie.

Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 20 Novembre 2008

source : Tunisia Watch