Tant de questions me hantent, dues à la tragédie qui est la mienne depuis quinze ans. Je déguste toutes sortes de privations, de maladies et de souffrances.

Messieurs,

Je travaillais à la Sûreté Nationale depuis 1975 où j’étais un exemple d’abnégation, de sérieux, de dévouement et de probité. En dépit de cette discipline et de l’engagement qui ont marqué mon attitude au travail, j’ai été accusé d’appartenance à une organisation non reconnue et j’ai été emprisonné en 1990 et condamné à un an et huit mois d’emprisonnement. Bien que souffrant de dépression nerveuse, -et l’administration était au courant-, je n’ai pas pu consulter de médecin pendant toute cette période. J’ai été libéré en vertu d’un jugement qui m’a innocenté.

Et bien qu’innocent depuis 1992, l’administration a refusé ma réintégration ou mon dédommagement des préjudices moraux et matériels dus à mon emprisonnement. Depuis lors je souffre d’une maladie nerveuse et je ne peux me soigner à cause de cette précarité. Pourtant le médecin m’a donné un certificat attestatant d’un taux d’invalidité de 80%. Je me suis adressé à toutes les parties aptes à règler ma situation : je suis malade et sans travail, sans revenus. Aucun responsable n’a été sensible à mes suppliques.

Je vis en marge de l’existence et je supporte un fardeau qui me torture, trop lourd pour un être humain.

J’en appelle à l’opinion publique tunisienne, aux forces nationales, démocratiques, à la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, pour qu’elles me prêtent main forte dans cette épreuve que je traverse et au moment où toutes les issues sont bouchées.

Belgacem Ben Tahar Abadi, Sidi Bouzid

Source : El Maoukif, n°317 du 17 juin 2005

(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)