TUNIS, 4 mai (AFP) – – La censure exercée par le gouvernement sur la presse en Tunisie est la cause du “verouillage de l’espace médiatique” dans ce pays, affirme le Syndicat des Journalistes Tunisiens (SJT) dans un rapport publié mercredi à Tunis.

“Le verrouillage du paysage médiatique est dû à la main mise du gouvernement” qui dicte aux journaux ses “directives sur ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas publier”, indique le rapport publié à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse.

Le syndicat s’inscrit en faux contre la version des autorités tunisiennes, selon laquelle “l’autocensure pratiquée par les journalistes est la cause de la détérioration de la presse tunisienne”.

Les autorités tunisiennes réfutent souvent les critiques d’ONG internationales et de militants des droits de l’Homme sur le “baillonnement de la presse” en Tunisie, affirmant que la liberté d’expression était garantie, ’”aucun journaliste n’est en prison et aucun journal saisi” en Tunisie depuis des années.

“Pourquoi mettrait-on un journaliste en prison, alors qu’il n’y a plus de journalistes écrivant librement”, s’est interrogé le président du comité fondateur du syndicat, Lotfi Hajji.

“Tous est soumis à la censure y compris les sujets les plus anodins”, a-t-il affirmé dans une déclaration à l’AFP.

Le rapport dénonce en outre “le noyautage des organes de presse par des intrus aux dépens des professionnels démobilisés par la détérioration du niveau de la presse”.

Le SJT a été créé en mai 2004, il regroupe 160 journalistes et s’est donné pour vocation la défense de la liberté de la presse, des conditions de travail et de l’éthique professionnelles.

L’Association des journalistes tunisiens (AJT) a publié de son côté un rapport sur les libertés de presse en Tunisie, constesté par certains de ses membres comme étant “un rapport officiel dicté par les autorités”.

Trois membres dirigeants de cette association dominée par le parti au pouvoir ont établi leur propre rapport, un texte très critique sur l’état des libertés et des droits de l’Homme.